Royaume-Uni, États-Unis : 1987
Titre original : –
Réalisation : Stanley Kubrick
Scénario : Stanley Kubrick, Michael Herr, Gustav Hasford
Acteurs : Randolph Scott, Robert Young, Virginia Gilmore
Éditeur : Warner bros.
Durée : 1h57
Genre : Guerre
Date de sortie cinéma : 21 octobre 1987
Date de sortie DVD/BR : 23 septembre 2020
Un groupe de jeunes recrues dans l’enfer du Viêt-nam, après la mort de leur instructeur. Un tueur isolé va décimer le groupe, jusqu’au moment où l’un d’eux , réussit à l’abattre, et l’on découvre que le sniper est en réalité une jeune Asiatique…

[5/5]Quand il s’agit de déterminer quel est le meilleur film de Stanley Kubrick, les réponses fusent volontiers dans tous les sens du côté des cinéphiles. 2001 odyssée de l’espace, Les sentiers de la gloire, Spartacus, Dr Folamour, etc. Quatre des treize longs-métrages de Stanley Kubrick ont d’ailleurs eu l’insigne honneur de figurer sur la liste des 100 meilleurs films de tous les temps dressée par l’American Film Institute en 1998, puis en 2007. Contrairement à d’autres films de Kubrick donc, mais également à d’autres films traitant de la guerre du Vietnam et de ses conséquences sur les âmes (Platoon, Voyage au bout de l’enfer, Apocalypse now), ce Full metal jacket n’a semble-t-il jamais été considéré comme l’un des films les plus aboutis du vénéré réalisateur d’Orange mécanique. Pourtant, ce puissant conte moral suivant une poignée de soldats en devenir s’égarant en chemin dans les arcanes les plus sombres de l’inhumanité mérite franchement d’être réhabilité – voir même d’être considéré, à raison, comme un des plus grands chefs d’œuvre de son auteur.

Pour ceux qui l’ignoreraient encore, Full metal jacket est divisé en deux parties : la première heure suivra la formation d’un groupe de marines. On retrouvera quelques-uns de ces jeunes gens durant la deuxième partie du film, qui se concentre sur la guerre en elle-même. Elles ont en commun le refus obstiné de Stanley Kubrick de s’attarder sur la psychologie des groupes de soldats qu’il met en scène : on ignore d’où viennent ces jeunes, on ne connaît absolument rien de leurs motivations, et ils n’ont pratiquement pas d’échanges entre eux. Même refus en ce qui concerne le contexte: les États-Unis sont limités à l’univers clos du camp d’entraînement et nous ne connaîtrons par la suite des Vietnamiens que quelques protagonistes fugitifs, essentiellement féminins (« Sucky sucky boom boom »). Tout se passe comme si Kubrick avait voulu dispenser le spectateur du moindre sentimentalisme, comme de la politisation du problème. Son objectif étant d’envisager sur un plan général la masculinité toxique du concept même de « guerre », ainsi qu’à la décadence à laquelle entraîne immanquablement. Bien sûr, Kubrick ne manque pas, en même temps, de souligner la dualité au cœur de chaque homme, partagé entre le bien et le mal. Ce dilemme est symbolisé dans le film par le personnage de Guignol (Matthew Modine), qui porte à la fois la mention « Born to Kill » sur son casque et un badge pacifiste sur sa veste.

Le réalisateur porte donc volontairement, sur les personnages comme sur les événements, un regard froid : celui d’un d’entomologiste. La dimension documentaire de Full metal jacket est en effet un des aspects les plus déstabilisants et les plus marquants du film. Cependant, l’humour noir du film fait que l’on s’attache tout de même aux différents personnages, et la froideur de l’ensemble laisse finalement peu à peu sa place à une en scène plus « opératique », qui ne veut plus rien dissimuler de la violence omniprésente de ce « merdier » : affrontements sauvages, gerbes de sang, complaisance dans les scènes de violence et de mort, agonie interminable de la snipeuse, fin du film baignée dans les éclairages rouges surréalistes… Dès lors, ces scènes développent non seulement une dimension onirique forte mais également un pouvoir de fascination assez extraordinaire, qui pourra certes éventuellement éveiller chez le spectateur ce côté « bestial » dans lequel la guerre plonge les soldats – et que Kubrick entend justement dénoncer – mais qui donne surtout à Full metal jacket des allures de conte funèbre tout simplement époustouflant. Une œuvre monumentale.

[5/5]Après nous avoir récemment proposé des remasterisations 4K exceptionnelles de 2001 odyssée de l’espace et de Shining, la branche française de Warner bros. continue sur sa lancée avec cette édition Blu-ray 4K Ultra HD de Full metal jacket, qui démontre à nouveau le soin caractéristique apporté par l’éditeur à ses rééditions de films de catalogue. Ainsi, le Blu-ray 4K Ultra HD de Full metal jacket réussit le tour de force de nous proposer un rendu absolument superbe pour un film qui, formellement, s’avère rarement fait pour flatter la rétine du spectateur. La photo naturaliste de Douglas Milsome colle en effet à l’ambiance d’un film qui par son sujet ou ses lieux de tournage est volontairement pensé pour se révéler repoussant. D’une façon finalement assez logique, le nouveau transfert 2160p de Full metal jacket prendra surtout son « envol » technique au moment où le film quittera les couloirs de la caserne pour rejoindre l’extérieur, qui nous propose des couleurs naturelles s’imposant grâce à un niveau de détail accru, une profondeur de champ remarquable et des textures absolument bluffantes. Bref, cette présentation 4K UHD du film de Stanley Kubrick n’affiche aucune trace de compression, de banding ou de DNR. Un travail technique absolument superbe. Côté son, l’éditeur nous propose un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 en VO, qui s’avère globalement très similaire au LPCM 5.1 du Blu-ray édité en 2007. La version française en revanche devra se contenter du traditionnel mixage en Dolby Digital 5.1.

On notera par ailleurs que cette nouvelle édition de Full metal jacket s’offre un packaging remarquable, car en plus du Blu-ray 4K Ultra HD, du Blu-ray ainsi que du DVD du film, le film de Kubrick débarque dans un coffret contenant également un livret de 32 pages (une copie du « press kit » d’origine, avec photos et informations techniques), un dossier contenant l’affiche du film ainsi que quatre cartes aux couleurs des personnages et des répliques du film. Enfin, on trouvera également un fac-similé d’une lettre de Stanley Kubrick adressée à la société North Thames Gas afin de demander à utiliser les décors d’une ancienne raffinerie en attente de démolition.





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